Rabat, le 25 mars 2016
Madame Aïcha Akalay
Directrice
« TelQuel »
Concerne : réaction à un article
Madame la Directrice,
Vous avez inséré dans le numéro 709 de « TelQuel » un article sur les relations entre le Maroc et la Russie.
J’ai été interloqué par le fait que vous mêliez à ce thème l’Ukraine en vous hasardant à des réflexions inappropriées qui désinforment vos lecteurs et desservent votre publication.
Votre article ose classer l’Ukraine, nation européenne souveraine et démocratique de 45 millions d’habitants, dans les « sujets jugés par la Russie comme relevant de sa sécurité immédiate, sinon de son ordre interne dans le cas de la Crimée ».
Vous semblez ignorer combien d’actes de droit international et de traités multi- et bilatéraux la Russie a-t-elle bafoué en procédant à l’annexion illégale de la République autonome de Crimée, partie intégrante de l’Ukraine, et en déclenchant une guerre non-déclarée contre la liberté, la démocratie et le choix européen de l'Ukraine.
Les réactions internationales à ses méfaits ont été cinglantes : le vote d’une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, l’exclusion du G-8, la condamnation unanime par les pays de l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Canada, ainsi que par le Parlement Européen et l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
Le Royaume du Maroc, pays ami de l’Ukraine, n’a jamais reconnu l’annexion de la Crimée.
Quant à l’Union Européenne, sa réaction n’est pas « hostile », comme vous le prétendez, mais adéquate et courageuse, à travers la politique des sanctions qui s’inspire de la fidélité aux valeurs et aux principes de paix et de sécurité.
Enfin, quand vous espérez, dans votre article, la croissance des exportations marocaines vers la Russie et l’augmentation du nombre de ses touristes au Maroc, vous semblez ne pas remarquer la causalité, pourtant évidente, entre la chute des ventes des agrumes et des nuitées, et la dégradation économique qui est liée, justement, aux sanctions internationales que la Russie s’est attirées suite à l’annexion de la Crimée.
Veuillez agréer, Madame la Directrice, les assurances de ma très haute considération.
Yaroslav Koval
Ambassadeur