COMMENTAIRE du porte-parole du Ministère des Affaires étrangères d’Ukraine au sujet de la fermeture de la chaîne de télévision des Tatars de Crimée « ATR »
La chaîne de télévision des Tatars de Crimée a dû arrêter la diffusion le 1-er avril. Malgré les protestations des Tatars de Crimée, des journalistes et de la société civile en Crimée et à l’étranger, l’autorité russe de règlementation des médias n’a pas reconduit sa licence.
Pour les mêmes raisons la chaîne de télévision pour enfants « Lalé », la radio « Meidan », les publications « Avdet » et « Kyrym », l’agence d’information QHA devront fermer.
Les autorités russes d’occupation privent ainsi les Tatars de Crimée, peuple musulman autochtone de la presqu’île, de droit d’utiliser sa langue maternelle, de recevoir et de diffuser des informations impartiales et crédibles, de préserver son identité nationale, d’élever leurs enfants dans l’esprit des traditions ancestrales.
Ces agissements font partie d’une stratégie cynique et délibérée de la Russie visant à éliminer de l’espace médiatique, culturel et politique de la Crimée tout ce qui relève des Tatars de Crimée et des Ukrainiens.
Apparemment, l’information impartiale et les valeurs de déontologie journalistique, propres à la chaîne ATR, gênaient le Kremlin dans ses plans de nettoyer la Crimée de toute pensée libre et de transformer cette région touristique d’exception en une base militaire truffée de missiles.
Il s’agit sans doute d’un acte de vengeance du régime russe aux musulmans de Crimée pour leur rejet courageux de l’occupation illégale de la presqu’île par la Fédération de Russie et de ses tentatives d’instaurer en Crimée un ordre rétrograde et criminel.
La politique des autorités russes traduit un retour fulgurant aux pires pratiques d’empire dignes du XIX-e siècle, à savoir persécutions pour convictions, russification forcée, éfacement des langues et des cultures des autres peuples.
Le Ministère des Affaires étrangères d’Ukraine condamne avec vigueur les agissements des autorités russes d’occupation, en contradiction flagrante avec les engagements internationaux de la Russie. Nous appelons les gouvernements des pays du monde et les organisations internationales à prendre des mesures pour influer sur la Fédération de Russie et d’empêcher le démantèlement de la culture du peuple musulman autochtone, l’anéantissement de la diversité culturelle et de l’identité culturelle de la Crimée.
Kyiv, le 1-er avril 2015