(Le 8 novembre 2013, Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc)
Excellences, Monsieur le Directeur général, Mesdames et Messieurs, сhères compatriotes, chers amis,
Je vous remercie de votre intérêt. Je remercie tout particulièrement Monsieur Driss Khrouz, Directeur général de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, qui a accepté d’accueillir dans cette enceinte prestigieuse notre exposition de l’art décoratif ornemental traditionnel ukrainien dit de Petrykivka.
Je remercie également le Conseil régional de Dnipropetrovsk, en la personne de Monsieur Sergiy Chaïka, conseiller de son président, pour nous avoir fourni ces belles pièces d’exposition.
Cette technique de décoration qui a déjà plus de 2 siècles, occupe une place de choix dans le patrimoine artistique de l’Ukraine où elle est bien connu et très répandue.
Mais cette peinture, qu’a-t-elle de particulier, à part qu’elle traduit une vision du monde positive des Ukrainiens, leur joie de vivre, ainsi que la luxuriance de notre monde végétal ?
Et bien, tout d’abord, vous vous en doutez peut-être, à l ‘origine c’est un art exclusivement féminin. A notre époque où l’égalité des genres fait débat sur tous les continents, si nous adoptions une grille de lecture contemporaine, nous serions tentés de dire que des femmes commencent à couvrir les murs de leurs maisons d’ornements floraux pour s’émanciper de la monotonie des tȃches ménagères. Elles échappent à leur condition de femmes au foyer en embelissant ce qui les entoure.
Ensuite, ce qui est important à relever, c’est qu’au départ il s’agit d’un art brut. Car les ornements sont exécutés avec des moyens de fortune : on fait usage de jeunes pousses et de roseaux pour peindre, tandis que des poils de chat servent à improviser des pinceaux. (Je vous rassure tout de suite : les chats restaient indemnes).
Les couleurs sont extraites d’herbes, de feuilles, de baies et de fleurs que l’on fait cuire dans l’eau. Le rouge provient des pigments naturels, le vert – du chiendent et de feuilles de morelle. Différentes teintes de jaune sont procurées par les épluchures d’oignon ou l’écorce de pommier. Les couleurs sont préparées avec le jaune d’oeuf et fixées à l’aide de la colle de cerisier. Ce n’est que vers les années 1930 que les couleurs préfabriquées sont adoptées.
Ces ornements était aussi appelés, dans les croyances populaires, à protéger contre le malheur, alors que l’oiseau de feu qui figure dans certaines compositions, est considéré comme un porte-bonheur.
C’est aussi un art qui, au fil du temps, devient très imagé. Dans les motifs décoratifs les fleurs de jardin deviennent oniriques, le coq se transforme imperceptiblement en oiseau de feu et le chat se mue en un sphynx énigmatique.
Le style décoratif populaire de Petrykivka représente un phénomène artistique original, une facette haute en couleur de notre culture.
Transmise de génération en génération, cette tradition picturale a fait naître de véritables maîtres artisans, chacun apportant sa touche personnelle à la tradition.
Je suis très heureux de vous présenter l’une d’elles. Anastasia Tchoudnivets vient exprès d‘Ukraine pour vous présenter cet art plus que jamais vivant. Et vous allez vous en rendre compte grȃce à sa démonstration.
Elle fait partie de l’école de la peinture décorative qui porte le nom du village de Petrykivka, situé au cœur de l’Ukraine, dans le bassin du fleuve Dnipro, non loin de la ville de Dnipropetrovsk, chef-lieu de la région du même nom.
Maintenant, Mesdames et Messieurs, trêve de paroles. Je vous invite à découvrir la peinture décorative de Petrykivka.
Je vous souhaite une excellente soirée.